Stage Rap-MAO au studio Adonf des 22-23-24 Janvier

Ça commence par quelques jeunes qui trainent au skatepark…

Baptiste est stagiaire au centre socio-culturel La Maison Pop’ à Montendre. Son objectif est clair : renouer le lien entre les adolescent.e.s montendrais.e.s et les associations locales pour dynamiser le territoire et briser l’ennui rural, accentué pendant la pandémie. Se rendant compte rapidement que la communication avec la jeunesse doit se faire en face à face, il part à sa rencontre chaque semaine au skatepark, là où skaters, trottiriders et simples spectateur.rice.s se retrouvent.

Une complicité se crée alors entre Baptiste et une bande d’amis qui ne se cachent pas de rapper devant lui, enceinte JBL à la main et portable dans l’autre, pour débiter leur texte sur des instrus trouvées sur Youtube. Il retrouve cette dizaine de jeunes régulièrement et leur propose de participer à un stage dont l’objectif est de composer leur propre instrumental et s’enregistrer par dessus à la Rock School Adonf, tout en leur présentant La Maison Pop’ et sa branche dédiée aux projets jeunesses : Paroles de Jeunes.

Les début d’un projet concret : découverte de la Rock School Adonf

Quelques semaines plus tard, un stage est organisé par Adonf et Paroles de Jeunes les samedi 23 et dimanche 24 janvier au studio de La Rock School, normalement précédé d’une masterclass sur la MAO (Musique Assistée par Ordinateur) la veille, malheureusement reportée à cause d’un certain virus… Au programme du stage : composition, écriture et enregistrement, afin de repartir avec un morceau mixé.

Du groupe que Baptise a rencontré au skatepark, 6 motivés s’inscrivent, avant que leur nombre décroisse à 4, qui se rendent donc le jour J au studio.

Aïdan, Mathys, Maxime et Tom -tous amateurs de rap qui ont entre 15 et 16 ans- accompagnés d’Arthur, professeur de MAO, et Baptiste, passent donc la première mâtiné du week-end à découvrir le studio et un logiciel de MAO. Découvrir est d’ailleurs un euphémisme tant leur excitation et leur admiration débordent en approchant pour la première fois le matériel de studio : des micros, des instruments de musique et même « des enceintes partout » qui « doivent faire des énormes basses ».

Aïdan en train de composer des accords accompagné de Baptiste, véritable métronome humain

Premier jour : composition sur logiciel, « kebabiste ou kebabier ? », puis écriture 

À la fois extrêmement motivés et timides, tous les quatre finissent petit-à-petit à comprendre le logiciel Ableton et s’approprier le matériel utile à la composition (un clavier MIDI pour les mélodies et ses pads pour y taper des rythmes de batterie.) Aux alentours de midi, une première instrumentale est composée : le job est fait, c’est l’heure de manger en parlant rap, scolarité et société. On se taquine à propos des filles, on se plaint du covid, on se demande si l’on doit dire « un kebabiste » ou « un kebabier » : trois enjeux majeurs lorsque l’on est adolescent en 2021.

Après réécoute de la prod (l’instrumentale), des thèmes d’écriture commencent à être imaginés pour le morceau, avec une intervention fulgurante de l’un des stagiaires : « on pourrait parler de sexisme… c’est abusé que les meufs puissent pas s’habiller comme elles veulent nan ? » Cependant, l’écriture porte finalement sur la rencontre avec « Bapt » et l’envie de se lancer dans le rap. Simple et efficace.

Alors que Tom -plus intéressé par le beatmaking que le rap- peaufine la prod avec Arthur, les 3 autres commencent à écrire, accompagné par Baptiste qui les conseille et les guide afin que l’ensemble soit cohérent. Il est intéressant de constater que dans le groupe les échanges sont souvent crus et taquins, et pourtant, lorsque l’un semble ralentir, douter sur son texte ou perdre toute inspiration, les deux autres s’empressent de l’aider, le motiver ou lui donner un bout de texte, afin de lui redonner l’élan nécessaire pour suivre la dynamique du groupe. On sent une véritable solidarité finalement assez touchante et innocente, alors qu’ils repartent après un moment de douceur fraternel, comme si de rien n’était, à se chambrer. On note alors une sacrée réitération du mot « galérien ».

Julien montre à Tom comment enregistrer un instrument (une basse) directement dans le logiciel, grâce à une carte son, pour composer une deuxième instrumentale.

Arthur et Tom ont le temps de finir l’instrumentale en avance, et ce dernier découvre donc en avant-première le studio d’enregistrement, qui pour des raisons sanitaires ne pouvait accueillir tout le groupe et les encadrants. La journée s’étant déroulée dans la grande salle de répétition, Tom découvre une nouvelle facette de la Rock School, dédiée à l’enregistrement, au mix et à la composition sur ordinateur, avec son matériel bien précis : synthétiseurs, pré-amplis, différents micros, et une fois encore « des enceintes qui doivent faire des énormes basses. » Il accompagne alors Julien, responsable pédagogique de la Rock School, professeur de musique et ingénieur du son, dans la composition d’une nouvelle prod, et préparer l’enregistrement du lendemain.

À la fin de la journée, tous les textes sont plus ou moins terminés, et il est alors question de passer la nuit chez l’un des quatre autres pour pouvoir fignoler tout cela.

Jour 2, un dimanche sans grasse-mat’ et deux morceaux enregistrés

Dimanche matin, 10h : tout le monde est motivé et pressé d’entendre sa voix sortir des enceintes. Après un moment autour d’un café, chacun s’enregistre à tour de rôle sur l’instru, ébahi de la dimension qu’un studio peut apporter à un morceau. On est alors loin des freestyles au skatepark avec l’enceinte portable, et leur pudeur face au micro les premières minutes le démontre.Voix lead, voix back, traitement de voix… Chaque étape de l’enregistrement est décortiquée à mesure que le groupe s’enregistre, et le premier morceau est terminé en début d’après-midi, après un déjeuner complet (composé de kebab et de frites.) Le morceau (disponible ci-dessous) leur permet de remercier Baptiste, d’exprimer leur envie de continuer à faire de la musique et leur volonté d’être entendu. Ils ont alors le temps de s’enregistrer sur la deuxième instrumentale composée par Julien et Tom la veille, morceau qu’ils garderont pour leurs réseaux, dans un style… plus libre, que l’on se gardera de vous faire écouter.

Bilan et lien du morceau

Ces deux jours auront été, d’après leur dire, le moyen pour ses 4 jeunes de découvrir un univers qui leur été inconnu jusque là, dans (je cite !) « un studio incroyable », et si la musique était pour eux jusque-là « un kiff », l’envie d’en « faire sérieusement » semble avoir germé dans leur esprit. On leur souhaite donc le meilleur, même si nous risquons de les recroiser en session studio prochainement ou lors d’un prochain stage, et on vous laisse sur le morceau qu’ils ont composé, écrit et interprété :

Si un tel stage vous intéresse, merci de nous envoyer un mail à rockschooldrive@gmail.com, nous garderons vos coordonnées pour vous tenir au courant de l’organisation d’un nouvel évènement (nous en mettons en place chaque vacances scolaires, et parfois certains week-ends.